Lorsque sonna l’heure amoureuse,
Une douce et triste glaneuse,
Un soir d’Août m’ayant rejoint
Parmi l’or de la Moisson jaune,
De son baiser me fit l’aumône
Dans une meule de foin !
Quand, l’Hiver, au fond des étables,
J’entendais des gueux lamentables
Envier le Riche en leur coin,
Je riais de leur air morose,
Moi qui ne rêvais autre chose
Qu’une humble meule de foin !
Si, comme eux, j’ai rêvé Fortune
C’est l’indulgente et bonne Lune
Qui fut toujours mon seul témoin…
Et le doux Songe qui nous leurre
Changeait en Palais, pour une heure,
Ma pauvre meule de foin !
Voilà comment, toute ma Vie,
J’ai rêvé, souffert sans envie,
Content de peu, sans grand besoin…
Et j’irai quelque jour, vieil homme,
M’endormir de mon dernier somme
Dans une meule de foin !