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I
Sans logis, sans pain, hors d’haleine,
Tout au bout d’une immense plaine,
Se cachant de tous avec soin,
Ma mère, pauvre vagabonde,
Un soir d’été me mit au monde
Dans une meule de foin !
II
Vous avez tous une patrie,
Un morceau de terre chérie.
Un vieux clocher qui brille au loin…
Mais, moi, rien ne me repayse :
Mon hameau natal, mon église,
C’est une meule de foin !
III
Quand je rôdais le long des routes,
Si les uns me jetaient des croûtes
Les autres me montraient le poing :
Trop jeune pour clamer ma haine,
Je m’en allais cacher ma peine
Dans une meule de foin !