Tu te plains que la Fortune
Soit ingrate à mes vieux jours
Et que, de l’aube à la brune,
Il faille trimer toujours !
Bah ! quand on a la barbe grise
D’être gueux l’habitude est prise…
Allons, ne te chagrine pas !
Pour si peu ne me plains donc pas
Et fume ta pipe.
Gai lon la !
Et fume ta pipe,
Mon gâs !
Toi, la Naïveté même,
Tu te plains du Député
Qui nous trompe et qui blasphème
Le Saint-Nom de : “ Liberté ”
Aux beaux parleurs faisant la nique,
Moque-toi de la politique…
Allons ne te chagrine pas !
Pour si peu ne t’étonne pas
Et fume ta pipe.
Gai lon la !
Et fume ta pipe,
Mon gâs !
Quand sur la terre nous sommes
Tous déjà si malheureux.
Tu te plains de voir les hommes
S’enlre-dévorer entre eux !
Dieu Lui-même, comme nous autres,
Fut renié par ses Apôtres…
Allons, ne te chagrine pas !
Pour si peu ne t’assombris pas
Et fume ta pipe.
Gai lon la !
Et fume ta pipe,
Mon gâs !