Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
Le gâs avait gréé lui-même
Son navire, tant bien que mal,
Puis, quand vint le jour du baptême,
L’avait baptisé : “ l’IDÉAL ” !…
Il était un tout petit gâs !
II
Le gâs, tout le long de la grève,
Suivait son navire en rêvant,
En rêvant au pays du Rêve
Dont on lui parlait trop souvent…
Mais, un jour, la Vague démente
Emporta le frêle bateau :
Sans prendre garde à la Tourmente
Le petit gâs entra dans l’eau…
Il était un tout petit gâs !
III
Et, depuis lors, sans paix ni trêve,
Le navire et le petit gâs
Voguent vers le pays du Rêve,
L’un serrant l’autre dans ses bras…
Du petit gâs ne faut point rire,
Amis ; nous mourons de son Mal :
Chaque jour un de nous chavire
En courant après l’IDÉAL !
Combien meurent de pauvres gâs !