Page:Bossut - Oeuvres de Blaise Pascal - 1 (FR-631136102 Ep 0171).pdf/19

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
11
ET LES OUVRAGES DE PASCAL

Le spectacle fini, elle s’approche du Cardinal, & lui récite un petit Placet en vers[1], pour demander le retour de son pere. Le Cardinal la prenant dans ses bras, l’embrassant & la baisant à tous moments, pendant quelle disoit ses vers, comme elle-même le raconte dans une Lettre écrite le lendemain à son pere : oui, mon Enfant, répond-il, je vous accorde ce que vous demandez ; ecrivez à votre pere qu'il revienne en toute sûreté. Alors la Duchesse d’Aiguillon prit la parole, & fit en ces termes l’éloge d’Étienne Pascal : C’est un fort honnête homme ; il est très-savant, & c’est bien dommage qu’il demeure inutile. Voilà son fils, ajouta-t-elle, en montrant Blaise Pascal, qui n’a que quinze ans, & qui est déjà un grand Mathématicien ! Jacqueline, encouragée par un premier succès,

  1. Voici ce Placet : Ne vous étonnez pas, incomparable ARMAND, Si j’ai mal contenté vos yeux & vos oreilles : Mon esprit agité de frayeurs sans pareilles, Interdit à mon corps, & voix, & mouvement : Mais pour me rendre ici capable de vous plaire, Rappeliez de l’exil mon misérable pere : C’est le bien que j’attends d’une insigne bonté ; Sauvez cet innocent d’un péril manifeste : Ainsi vous me rendrez l’entiere liberté De l’esprit & du corps, de la voix & du geste.