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DISCOURS SUR LA VIE

d’esprit n'est pas supérieur à la nature humaine, il est du moins fort au-dessus de l'ordre commun.

Quoi qu’il en soit, on ne contraignit plus dorénavant le gout du jeune Pascal : il eut toute liberté d’étudier la Géométrie ; on lui donna à lire, à l'âge de douze ans, les Eléments d’Euclide, qu’il entendit tout seul, & sans avoir jamais besoin de la moindre explication. Bientôt il fut en état de tenir un rang distingué dans les assemblées des Savants, & d’y apporter des ouvrages de sa façon. Il n’avoit pas encore seize ans, qu’il composa sur les Sections coniques un petit Traité, qui fut regardé alors comme un prodige de sagacité. Étienne Pascal étoit le plus heureux des pères. II voyoit son fils marcher à pas de géant dans la carrière des Sciences qu’il regardoit comme la plus noble occupation des hommes. Ses filles ne lui donnoient pas moins de satisfaction. A une figure agréable, elles joignoient une raison supérieure à leur âge ; & le monde où elles paroissoient depuis peu de temps, commençoit à les distinguer. Tout ce bonheur fut troublé par un de ces événements que la prudence humaine ne peut prévoir, ni empêcher.