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ses ennemis, éternellement sans l’aimer, éternellement haïe de lui. Je sentais tendrement ce déplaisir, et je le sentais même, comme je crois (ce sont ses propres paroles) entièrement détaché des autres peines de l’enfer. Le voilà, Mes Chères Sœurs, vous le connaissez, le voilà, ce pour amour que Dieu lui-même répand dans les cœurs avec toutes ses délicatesses et dans toute sa vérité. La voilà, cette crainte qui change les cœurs : non point la crainte de l’esclave qui craint l’arrivée d’un maître fâcheux, mais la crainte d’une chaste épouse qui craint de perdre ce qu’elle aime. Ces sentiments tendres, mêlés de larmes et de frayeur, aigrissaient son mal jusqu’à la dernière extrémité. Nul n’en pénétrait la cause, et