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à se contenter des superbes monumens qu’il laissa sur le bord de l’Araspe, il ramena son armée par une autre route que celle qu’il avoit tenuë, et dompta tous les païs qu’il trouva sur son passage.

Il revint à Babylone craint et respecté non pas comme un conquerant, mais comme un dieu. Mais cét empire formidable qu’il avoit conquis, ne dura pas plus long-temps que sa vie qui fut fort courte. à l’âge de trente-trois ans, au milieu des plus vastes desseins qu’un homme eust jamais conceû et avec les plus justes esperances d’un heureux succés, il mourut sans avoir eû le loisir d’établir solidement ses affaires, laissant un frere imbecille, et des enfans en bas âge incapables de soustenir un si grand poids. Mais ce qu’il y avoit de plus funeste pour sa maison et pour son empire, est qu’il laissoit des capitaines à qui il avoit appris à ne respirer que l’ambition et la guerre. Il prévit à quels excés ils se porteroient quand il ne seroit plus au monde : pour les retenir, et de peur d’en estre dédit, il n’osa nommer ni son successeur, ni le tuteur de ses enfans. Il prédit seulement que ses amis célebreroient ses funerailles avec des batailles sanglantes, et il expira dans la fleur de son âge, plein des tristes images de la confusion qui devoit suivre sa mort.

En effet, vous avez veû le partage de son empire, et la ruine affreuse de sa maison. La