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Il fut tué dans la bataille, et de la main d’Artaxerxe, à ce qu’on dit. Nos grecs se trouvoient sans protecteur au milieu des perses et aux environs de Babylone. Cependant Artaxerxe victorieux ne put ni les obliger à poser volontairement les armes, ni les y forcer. Ils conceûrent le hardi dessein de traverser en corps d’armée tout son empire pour retourner en leur païs, et ils en vinrent à bout. Toute la Grece vit alors plus que jamais, qu’elle nourrissoit une milice invincible à laquelle tout devoit ceder, et que ses seules divisions la pouvoient soumettre à un ennemi trop foible pour luy résister quand elle seroit unie. Philippe roy de Macedoine, également habile et vaillant, ménagea si bien les avantages que luy donnoit contre tant de villes et de républiques divisées un royaume petit à la verité, mais uni, et où la puissance royale estoit absoluë, qu’à la fin moitié par adresse, et moitié par force, il se rendit le plus puissant de la Grece, et obligea tous les grecs à marcher sous ses étendarts contre l’ennemi commun. Il fut tué dans ces conjonctures : mais Alexandre son fils succeda à son royaume et à ses desseins.

Il trouva les macedoniens non seulement aguerris, mais encore triomphans, et devenus par tant de succés presque autant superieurs aux autres grecs en valeur et en discipline, que les autres grecs estoient au dessus des perses et de leurs semblables.