avoit fait nourrir avec luy. Il y en avoit dix-sept cent capables de répandre dans toute l’armée le courage, la discipline, et l’amour du prince. Cela fait, il entra dans l’Ethiopie qu’il se rendit tributaire. Il continua ses victoires dans l’Asie. Jérusalem fut la premiere à sentir la force de ses armes. Le témeraire Roboam ne put luy résister, et Sesostris enleva les richesses de Salomon. Dieu, par un juste jugement, les avoit livrez entre ses mains. Il pénetra dans les Indes plus loin qu’Hercule ni que Bacchus, et plus loin que ne fit depuis Alexandre, puis qu’il soumit le païs au-delà du Gange. Jugez par là si les païs plus voisins luy résisterent. Les scythes obéïrent jusqu’au Tanaïs : l’Armenie et la Cappadoce luy furent sujetes. Il laissa une colonie dans l’ancien royaume de Colchos, où les moeurs d’Egypte sont toûjours demeurées depuis. Herodote a veû dans l’Asie Mineure d’une mer à l’autre les monumens de ses victoires avec les superbes inscriptions de Sesostris roy des rois et seigneur des seigneurs. Il y en avoit jusques dans la Thrace, et il étendit son empire depuis le Gange jusqu’au Danube. La difficulté des vivres l’empescha d’entrer plus avant dans l’Europe. Il revint aprés neuf ans chargé des dépouïlles de tous les peuples vaincus. Il y en eût qui défendirent courageusement leur liberté : d’autres cederent sans résistance. Sesostris eût soin de marquer dans ses monumens la difference de ces peuples
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