Contente de son païs où tout abondoit, elle ne songeoit point aux conquestes. Elle s’étendoit d’une autre sorte, en envoyant ses colonies par toute la terre, et avec elles la politesse et les loix. Les villes les plus célebres venoient apprendre en Egypte leurs antiquitez, et la source de leurs plus belles institutions. On la consultoit de tous costez sur les regles de la sagesse. Quand ceux d’Elide eûrent établi les jeux olimpiques les plus illustres de la Grece, ils rechercherent par une ambassade solennelle l’approbation des egyptiens, et apprirent d’eux de nouveaux moyens d’encourager les combatans. L’Egypte regnoit par ses conseils, et cét empire d’esprit luy parut plus noble et plus glorieux que celuy qu’on établit par les armes. Encore que les rois de Thebes fussent sans comparaison les plus puissans de tous les rois de l’Egypte, jamais ils n’ont entrepris sur les dynasties voisines qu’ils ont occupées seulement quand elles eûrent esté envahies par les arabes ; de sorte qu’à vray dire ils les ont plustost enlevées aux étrangers, qu’ils n’ont voulu dominer sur les naturels du païs. Mais quand ils se sont meslez d’estre conquerans, ils ont surpassé tous les autres. Je ne parle point d’Osiris vainqueur des Indes ; apparemment c’est Bacchus, ou quelque autre heros aussi fabuleux. Le pere de Sesostris (les doctes veulent que ce soit Amenophis, autrement Memnon) ou par instinct,
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