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avoient succedé à toute la puissance des assyriens, et que les perses se fussent établis en ruinant les medes. Mais au contraire, il est certain que lors qu’Arbace révolta les medes contre Sardanapale, il ne fit que les affranchir, sans leur soumettre l’empire d’Assyrie. Herodote suivi en cela par les plus habiles chronologistes, fait paroistre leur premier roy Déjoces 50 ans aprés leur révolte ; et il est d’ailleurs constant par le témoignage uniforme de ce grand historien et de Xenophon, pour ne point icy parler des autres, que durant les temps qu’on attribuë à l’empire des medes, il y avoit en Assyrie des rois tres-puissans que tout l’Orient redoutoit, et dont Cyrus abbatit l’empire par la prise de Babylone.

Si donc la pluspart des grecs et les latins qui les ont suivis ne parlent point de ces rois babyloniens ; s’ils ne donnent aucun rang à ce grand royaume parmi les premieres monarchies dont ils racontent la suite ; enfin si nous ne voyons presque rien dans leurs ouvrages de ces fameux rois Teglathphalasar, Salmanasar, Sennacherib, Nabuchodonosor, et de tant d’autres si renommez dans l’ecriture et dans les histoires orientales : il le faut attribuer, ou à l’ignorance des grecs plus éloquens dans leurs narrations que curieux dans leurs recherches, ou à la perte que nous avons faite de ce qu’il y avoit