devoir dans des loûanges conformes aux loix, et prononcées gravement devant les dieux. Aprés la priére et le sacrifice, on lisoit au roy dans les saints livres, les conseils et les actions des grands hommes, afin qu’il gouvernast son estat par leurs maximes, et maintinst les loix qui avoient rendu ses prédecesseurs heureux aussi-bien que leurs sujets.
Ce qui montre que ces remontrances se faisoient, et s’écoutoient sérieusement, c’est qu’elles avoient leur effet. Parmi les thebains, c’est à dire dans la dynastie principale, celle où les loix estoient en vigueur, et qui devint à la fin la maistresse de toutes les autres, les plus grands hommes ont esté les rois. Les deux Mercures auteurs des sciences, et de toutes les institutions des egyptiens, l’un voisin des temps du deluge, et l’autre qu’ils ont appellé le trismegiste ou le trois fois grand, contemporain de Moïse, ont esté tous deux rois de Thebes. Toute l’Egypte a profité de leurs lumieres, et Thebes doit à leurs instructions d’avoir eû peu de mauvais princes. Ceux-cy estoient épargnez pendant leur vie ; le repos public le vouloit ainsi : mais ils n’estoient pas exempts du jugement qu’il falloit subir aprés la mort. Quelques-uns ont esté privez de la sepulture, mais on en voit peu d’exemples ; et au contraire, la pluspart des rois ont esté si cheris des peuples, que chacun pleuroit leur mort autant que celle de son pere ou de ses enfans.