et le senat se faisoit un honneur de défendre les dieux de Romulus, ausquels il attribuoit toutes les victoires de l’ancienne république. Les empereurs estoient fatiguez des députations de ce grand corps qui demandoit le rétablissement de ses idoles, et qui croyoit que corriger Rome de ses vieilles superstitions, estoit faire injure au nom romain. Ainsi cette compagnie composée de ce que l’empire avoit de plus grand, et une immense multitude de peuple où se trouvoient presque tous les plus puissans de Rome, ne pouvoient estre retirées de leurs erreurs, ni par la prédication de l’evangile, ni par un si visible accomplissement des anciennes propheties, ni par la conversion presque de tout le reste de l’empire, ni enfin par celle des princes dont tous les decrets autorisoient le christianisme. Au contraire, ils continuoient à charger d’opprobres l’eglise de Jesus-Christ qu’ils accusoient encore, à l’exemple de leurs peres, de tous les malheurs de l’empire, toûjours prests à renouveller les anciennes persecutions s’ils n’eussent esté réprimez par les empereurs. Les choses estoient encore en cét estat au quatriéme siecle de l’eglise, et cent ans aprés Constantin, quand Dieu enfin se ressouvint de tant de sanglans decrets du senat contre les fideles, et tout ensemble des cris furieux dont tout le peuple romain, avide du sang chrestien, avoit si souvent fait retentir l’amphitheatre. Il livra
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