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Troisième Partie de ce Discours.

Les Empires.


I

Les révolutions des Empires sont réglées par la Providence, & servent à humilier les Princes.


Quoy-qu’il n’y ait rien de comparable à cette suite de la vraye eglise que je vous ay representée, la suite des empires qu’il faut maintenant vous remettre devant les yeux, n’est gueres moins profitable aux grands princes comme vous. Premierement, ces empires ont pour la pluspart une liaison necessaire avec l’histoire du peuple de Dieu. Dieu s’est servi des assyriens et des babyloniens, pour chastier ce peuple ; des perses, pour le rétablir ; d’Alexandre et de ses premiers successeurs, pour le proteger ; d’Antiochus l’illustre et de ses successeurs, pour l’exercer ; des romains, pour soustenir sa liberté contre les rois de Syrie, qui ne songeoient qu’à le détruire. Les juifs ont duré jusqu’à Jesus-Christ sous la puissance des mesmes romains. Quand ils l’ont méconnu et crucifié, ces mesmes romains ont presté leurs mains sans y penser à la vengeance divine, et ont exterminé ce peuple ingrat. Dieu qui avoit résolu de rassembler dans le mesme temps le peuple nouveau, de toutes les nations, a premierement réüni les terres et les mers sous ce mesme empire. Le commerce de tant de peuples divers, autrefois étrangers les uns aux autres, et depuis réünis sous la domination romaine, a esté un des plus puissans moyens dont la providence se soit servie pour donner cours à l’evangile. Si le mesme empire romain a persecuté durant trois cens ans ce peuple nouveau qui naissoit de tous costez dans son enceinte, cette