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le temple, l’idolatrie est attaquée de tous costez ; et les peuples qui depuis tant de milliers d’années avoient oublié leur créateur, se réveillent d’un si long assoupissement.

Et afin que tout convienne, les promesses spirituelles sont développées par la prédication de l’evangile, dans le temps que le peuple juif qui n’en avoit receû que de temporelles, réprouvé manifestement pour son incrédulité, et captif par toute la terre, n’a plus de grandeur humaine à esperer. Alors le ciel est promis à ceux qui souffrent persecution pour la justice ; les secrets de la vie future sont preschez ; et la vraye béatitude est montrée loin de ce séjour où regne la mort, où abondent le peché et tous les maux. Si on ne découvre pas icy un dessein toûjours soustenu et toûjours suivi ; si on n’y voit pas un mesme ordre des conseils de Dieu qui prépare dés l’origine du monde ce qu’il acheve à la fin des temps, et qui sous divers estats, mais avec une succession toûjours constante, perpetuë aux yeux de tout l’univers la sainte societé où il veut estre servi : on merite de ne rien voir, et d’estre livré à son propre endurcissement comme au plus juste et au plus rigoureux de tous les supplices. Et afin que cette suite du peuple de Dieu fust claire aux moins clairvoyans, Dieu la rend sensible et palpable par des faits que personne ne peut ignorer, s’il ne ferme volontairement