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serviteurs. A la fin il leur oste sa vigne, et la donne à d’autres ouvriers : il leur oste la grace de son alliance pour la donner aux gentils. Ces trois choses devoient donc concourir ensemble, l’envoy du fils de Dieu, la réprobation des juifs, et la vocation des gentils. Il ne faut plus de commentaire à la parabole que l’évenement a interpretée.

Vous avez veû que les juifs avoûënt que le royaume de Juda et l’estat de leur république a commencé à tomber dans les temps d’Herode, et lors que Jesus-Christ est venu au monde. Mais si les alterations qu’ils faisoient à la loy de Dieu leur ont attiré une diminution si visible de leur puissance, leur derniere desolation qui dure encore, devoit estre la punition d’un plus grand crime. Ce crime est visiblement leur méconnoissance envers leur messie, qui venoit les instruire et les affranchir. C’est aussi depuis ce temps qu’un joug de fer est sur leur teste ; et ils en seroient accablez, si Dieu ne les réservoit à servir un jour ce messie qu’ils ont crucifié.

Voilà donc déja un fait averé et public ; c’est la ruine totale de l’estat du peuple juif dans le temps de Jesus-Christ. La conversion des gentils qui devoit arriver dans le mesme temps, n’est pas moins averée. En mesme temps que l’ancien culte est détruit dans Jérusalem avec