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l’obscurité dans quelque partie de l’histoire. Mais enfin cette obscurité est-elle dans la suite mesme, ou dans le fond de l’affaire ? Nullement : tout y est suivi ; et ce qui reste d’obscur ne sert qu’à faire voir dans les livres saints une antiquité plus venerable.

Mais il y a des alterations dans le texte : les anciennes versions ne s’accordent pas ; l’hebreu en divers endroits est different de luy-mesme ; et le texte des samaritains, outre le mot qu’on les accuse d’y avoir changé exprés en faveur de leur temple de Garizim, differe encore en d’autres endroits de celuy des juifs. Et de là que conclura-t-on ? Que les juifs ou Esdras auront supposé le pentateuque au retour de la captivité ? C’est justement tout le contraire qu’il faudroit conclure. Les differences du samaritain ne servent qu’à confirmer ce que nous avons déja établi, que leur texte est indépendant de celuy des juifs. Loin qu’on puisse s’imaginer que ces schismatiques ayent pris quelque chose des juifs et d’Esdras, nous avons veû au contraire que c’est en haine des juifs et d’Esdras, et en haine du premier et du second temple qu’ils ont inventé leur chimere de Garizim. Qui ne voit donc qu’ils auroient plustost accusé les impostures des juifs que de les suivre ? Ces rebelles qui ont méprisé Esdras et tous les prophetes des juifs, avec leur temple et Salomon qui l’avoit basti, aussi-bien que David qui en avoit