Page:Bossuet - Discours sur l’Histoire universelle, 1681.djvu/398

Cette page n’a pas encore été corrigée

hebreux ont veû de leurs yeux, servent encore aujourd’huy à confirmer nostre foy. Ce grand dieu qui les a faits pour rendre témoignage à son unité et à sa toute-puissance, que pouvoit-il faire de plus authentique pour en conserver la memoire, que de laisser entre les mains de tout un grand peuple les actes qui les attestent rédigez par l’ordre des temps ? C’est ce que nous avons encore dans les livres de l’ancien testament, c’est à dire, dans les livres les plus anciens qui soient au monde ; dans les livres qui sont les seuls de l’antiquité où la connoissance du vray dieu soit enseignée, et son service ordonné ; dans les livres que le peuple juif a toûjours si religieusement gardez. Il est certain que ce peuple est le seul qui ait connu dés son origine le dieu créateur du ciel et de la terre ; le seul par consequent qui devoit estre le dépositaire des secrets divins. Il les a aussi conservez avec une religion qui n’a point d’exemple. Les livres que les egyptiens et les autres peuples appelloient divins, sont perdus il y a long-temps, et à peine nous en reste-t-il quelque memoire confuse dans les histoires anciennes. Les livres sacrez des romains, où Numa auteur de leur religion en avoit écrit les mysteres, ont peri par les mains des romains mesmes, et le senat les fit brusler comme tendans à renverser la religion. Ces mesmes romains ont à la fin laissé perir les livres sibyllins si long-temps