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assemblées, et quels estoient ses evesques, jamais ils ne s’y trompoient. Pour les héresies, quoy qu’elles fissent, elles ne pouvoient se défaire du nom de leurs auteurs. Les sabelliens, les paulianistes, les ariens, les pelagiens, et les autres s’offensoient en vain du titre de parti qu’on leur donnoit. Le monde, malgré qu’ils en eussent, vouloit parler naturellement, et désignoit chaque secte par celuy dont elle tiroit sa naissance. Pour ce qui est de la grande eglise, de l’eglise catholique et apostolique, il n’a jamais esté possible de luy nommer un autre auteur que Jesus-Christ mesme, ni de luy marquer les premiers de ses pasteurs sans remonter jusqu’aux apostres, ni de luy donner un autre nom que celuy qu’elle prenoit. Ainsi quoy que fissent les héretiques, ils ne la pouvoient cacher aux payens. Elle leur ouvroit son sein par toute la terre : ils y accouroient en foule. Quelques-uns d’eux se perdoient peut-estre dans les sentiers détournez : mais l’eglise catholique estoit la grande voye où entroient toûjours la pluspart de ceux qui cherchoient Jesus-Christ ; et l’experience a fait voir que c’estoit à elle qu’il estoit donné de rassembler les gentils. C’estoit elle aussi que les empereurs infideles attaquoient de toute leur force. Origene nous apprend que peu d’héretiques ont eû à souffrir pour la foy. Saint Justin, plus ancien que luy, a remarqué que la persecution épargnoit les marcionites