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par les vents et par ce qui vous paroist dans le ciel, si le temps sera serein ou pluvieux ; et vous ne sçavez pas connoistre à tant de signes qui vous sont donnez, le temps où vous estes ! Concluons donc que les juifs ont eû veritablement raison de dire que tous les termes de la venuë du messie sont passez . Juda n’est plus un royaume ni un peuple : d’autres peuples ont reconnu le messie qui devoit estre envoyé. Jesus-Christ a esté montré aux gentils : à ce signe, ils ont accouru au dieu d’Abraham, et la benediction de ce patriarche s’est répanduë par toute la terre. L’homme de douleurs a esté presché, et la rémission des pechez a esté annoncée par sa mort. Toutes les semaines se sont écoulées ; la desolation du peuple et du sanctuaire, juste punition de la mort du Christ, a eû son dernier accomplissement ; enfin le Christ a paru avec tous les caracteres que la tradition des juifs y reconnoissoit, et leur incredulité n’a plus d’excuse.

Aussi voyons-nous depuis ce temps des marques indubitables de leur réprobation. Aprés Jesus-Christ ils n’ont fait que s’enfoncer de plus en plus dans l’ignorance et dans la misere, d’où la seule extrémité de leurs maux, et la honte d’avoir esté si souvent en proye à l’erreur les fera sortir, ou plustost la bonté de Dieu, quand le temps arresté par sa providence pour punir leur ingratitude et dompter leur orgueïl sera accompli.