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imiter quand on y croyoit, parut trop humble aux juifs pour estre suivi. Cependant l’impression qu’ils avoient conceûë que le Christ devoit paroistre en ce temps, estoit si forte, qu’elle demeura prés d’un siecle parmi eux. Ils crurent que l’accomplissement des propheties pouvoit avoir une certaine étenduë, et n’estoit pas toûjours toute renfermée dans un point précis ; de sorte que prés de cent ans il ne se parloit parmi eux que des faux Christs qui se faisoient suivre, et des faux prophetes qui les annonçoient. Les siecles précedens n’avoient rien veû de semblable ; et les juifs ne prodiguerent le nom du Christ, ni quand Judas Le Machabée remporta sur leur tyran tant de victoires, ni quand son frere Simon les affranchit du joug des gentils, ni quand le premier Hyrcan fit tant de conquestes. Les temps et les autres marques ne convenoient pas, et ce n’est que dans le siecle de Jesus-Christ qu’on a commencé à parler de tous ces messies. Les samaritains qui lisoient dans le pentateuque la prophetie de Jacob, se firent des Christs aussi-bien que les juifs, et un peu aprés Jesus-Christ ils reconnurent leur Dosithée. Simon Le Magicien de mesme païs se vantoit aussi d’estre le fils de Dieu, et Menandre son disciple se disoit le sauveur du monde. Dés le vivant de Jesus-Christ la samaritaine avoit cru que le messie alloit venir : tant il estoit constant dans la nation, et parmi tous ceux qui lisoient