qu’il fit autour de la ville ne laissoit plus d’esperance à ses habitans. Mais il n’y avoit rien de semblable dans le siége de Cestius : il estoit campé à 50 stades, c’est à dire à six milles de Jérusalem. Son armée se répandoit tout autour, mais sans y faire de tranchées ; et il faisoit la guerre si negligemment, qu’il manqua l’occasion de prendre la ville, dont la terreur, les séditions, et mesme ses intelligences luy ouvroient les portes. Dans ce temps, loin que la retraite fust impossible, l’histoire marque expressément que plusieurs juifs se retirerent. C’estoit donc alors qu’il falloit sortir ; c’estoit le signal que le fils de Dieu donnoit aux siens. Aussi a-t-il distingué tres-nettement les deux siéges : l’un, où la ville seroit entourée de fossez et de forts ; alors il n’y auroit plus que la mort pour tous ceux qui y estoient enfermez : l’autre, où elle seroit seulement enceinte de l’armée , et plûtost investie qu’assiegée dans les formes ; c’est alors qu’il falloit fuir, et se retirer dans les montagnes . Les chrestiens obéïrent à la parole de leur maistre. Quoy-qu’il y en eust des milliers dans Jérusalem et dans la Judée, nous ne lisons ni dans Josephe, ni dans les autres histoires, qu’il s’en soit trouvé aucun dans la ville quand elle fut prise. Au contraire, il est constant par l’histoire ecclesiastique et par tous les monumens de nos ancestres, qu’ils se retirerent à la petite ville de Pella, dans un païs de montagnes auprés
Page:Bossuet - Discours sur l’Histoire universelle, 1681.djvu/337
Cette page n’a pas encore été corrigée