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en sorte que nous sommes sourds à tous les sages avertissemens, aveugles aux voyes de salut qui nous sont montrées, prompts à croire tout ce qui nous perd pourveû qu’il nous flate, et hardis à tout entreprendre, sans jamais mesurer nos forces avec celles des ennemis que nous irritons. Ainsi perirent la premiere fois sous la main de Nabuchodonosor roy de Babylone, Jérusalem et ses princes. Foibles et toûjours batus par ce roy victorieux, ils avoient souvent éprouvé qu’ils ne faisoient contre luy que de vains efforts, et avoient esté obligez à luy jurer fidelité. Le prophete Jéremie leur déclaroit de la part de Dieu, que Dieu mesme les avoit livrez à ce prince, et qu’il n’y avoit de salut pour eux qu’à subir le joug. Il disoit à Sedecias roy de Judée et à tout son peuple, etc. Ils ne crurent point à sa parole. Pendant que Nabuchodonosor les tenoit étroitement enfermez par les prodigieux travaux dont il avoit entouré leur ville, ils se laissoient enchanter par leurs faux prophetes qui leur remplissoient l’esprit de victoires imaginaires, et leur disoient au nom de Dieu, quoy-que Dieu ne les eust point envoyez, etc.