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est sortie du costé de l’Occident, une voix est sortie du costé des quatre vents : voix contre Jérusalem et contre le temple ; voix contre les nouveaux mariez et les nouvelles mariées ; voix contre tout le peuple . Depuis ce temps, ni jour ni nuit il ne cessa de crier, malheur, malheur à Jérusalem . Il redoubloit ses cris les jours de feste. Aucune autre parole ne sortit jamais de sa bouche : ceux qui le plaignoient, ceux qui le maudissoient, ceux qui luy donnoient ses necessitez, n’entendirent jamais de luy que cette terrible parole, malheur à Jérusalem . Il fut pris, interrogé, et condamné au foûët par les magistrats : à chaque demande, et à chaque coup, il répondoit, sans jamais se plaindre, malheur à Jérusalem . Renvoyé comme un insensé, il couroit tout le païs, en répetant sans cesse sa triste prédiction. Il continua durant sept ans à crier de cette sorte, sans se relascher, et sans que sa voix s’affoiblist. Au temps du dernier siege de Jérusalem, il se renferma dans la ville, tournant infatigablement autour des murailles, et criant de toute sa force : malheur au temple, malheur à la ville, malheur à tout le peuple . A la fin il ajousta, malheur à moy-mesme ; et en mesme temps il fut emporté d’un coup de pierre lancé par une machine.

Ne diroit-on pas, monseigneur, que la vengeance divine s’estoit comme renduë visible en cét homme qui ne subsistoit que pour prononcer ses arrests ; qu’elle l’avoit rempli de sa