qui ne voye que cette foy du messie, et de ses merveilles, qui dure encore aujourd’huy parmi les juifs, leur est venuë de leurs patriarches et de leurs prophetes dés l’origine de leur nation. Car dans cette longue suite d’années, où eux-mesmes reconnoissoient que par un conseil de la providence il ne s’élevoit plus parmi eux aucun prophete, et que Dieu ne leur faisoit point de nouvelles prédictions, ni de nouvelles promesses, cette foy du messie qui devoit venir estoit plus vive que jamais. Elle se trouva si bien établie, quand le second temple fut basti, qu’il n’a plus fallu de prophete pour y confirmer le peuple. Ils vivoient sous la foy des anciennes propheties qu’ils avoient veû s’accomplir si précisément à leurs yeux en tant de chefs : le reste, depuis ce temps, ne leur a jamais paru douteux, et ils n’avoient point de peine à croire que Dieu si fidele en tout, n’accomplist encore en son temps ce qui regardoit le messie, c’est à dire la principale de ses promesses, et le fondement de toutes les autres. En effet, toute leur histoire, tout ce qui leur arrivoit de jour en jour, n’estoit qu’un perpetuel développement des oracles que le Saint Esprit leur avoit laissez. Si rétablis dans leur terre aprés la captivité, ils joûïrent durant trois cens ans d’une paix profonde ; si leur temple fut réveré, et leur religion honorée dans tout l’Orient ; si enfin leur paix fut troublée par leurs
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