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déliée. Le souffle que Dieu inspire, et qui porte en luy-mesme l’image de Dieu, n’est ni air, ni vapeur. Ne croyons pas que nostre ame soit une portion de la nature divine, comme l’ont resvé quelques philosophes. Dieu n’est pas un tout qui se partage. Quand Dieu auroit des parties, elles ne seroient pas faites. Car le créateur, l’estre incréé ne seroit pas composé de créatures. L’ame est faite, et tellement faite, qu’elle n’est rien de la nature divine ; mais seulement une chose faite à l’image et ressemblance de la nature divine ; une chose qui doit toûjours demeurer unie à celuy qui l’a formée : c’est ce que veut dire ce souffle divin ; c’est ce que nous represente cét esprit de vie.

Voilà donc l’homme formé. Dieu forme encore de luy la compagne qu’il luy veut donner. Tous les hommes naissent d’un seul mariage, afin d’estre à jamais, quelque dispersez et multipliez qu’ils soient, une seule et mesme famille. Nos premiers parens ainsi formez sont mis dans ce jardin délicieux, qui s’appelle le paradis : Dieu se devoit à luy-mesme de rendre son image heureuse. Il donne un précepte à l’homme, pour luy faire sentir qu’il a un maistre ; un précepte attaché à une chose sensible, parce que l’homme estoit fait avec des sens ; un précepte aisé, parce qu’il vouloit luy rendre la vie commode tant qu’elle seroit innocente.