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Quand il créa les bestes, il dit, que l’eau produise les poissons ; et il créa de cette sorte les monstres marins et toute ame vivante et mouvante qui devoit remplir les eaux. Il dit encore, que la terre produise toute ame vivante, les bestes à quatre pieds, et les réptiles.

C’est ainsi que devoient naistre ces ames vivantes d’une vie brute et bestiale, à qui Dieu ne donne pour toute action que des mouvemens dépendans du corps. Dieu les tire du sein des eaux et de la terre : mais cette ame dont la vie devoit estre une imitation de la sienne, qui devoit vivre comme luy, de raison et d’intelligence ; qui luy devoit estre unie en le contemplant et en l’aimant, et qui pour cette raison estoit faite à son image, ne pouvoit estre tirée de la matiere. Dieu en façonnant la matiere, peut bien former un beau corps ; mais en quelque sorte qu’il la tourne et la façonne, jamais il n’y trouvera son image et sa ressemblance. L’ame faite à son image, et qui peut estre heureuse en le possedant, doit estre produite par une nouvelle creation : elle doit venir d’enhaut, et c’est ce que signifie ce souffle de vie, que Dieu tire de sa bouche.

Souvenons-nous que Moïse propose aux hommes charnels par des images sensibles des veritez pures et intellectuelles. Ne croyons pas que Dieu souffle à la maniere des animaux. Ne croyons pas que nostre ame soit un air subtil, ni une vapeur