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au dehors, ne cesse d’admirer un si bon prince. Aussi avoit-il pour maxime, qu’il falloit que ses citoyens le trouvassent tel qu’il eust voulu trouver l’empereur s’il eust esté simple citoyen. Ce prince dompta les daces et Décebale leur roy ; étendit ses conquestes en Orient ; donna un roy aux Parthes, et leur fit craindre la puissance romaine : heureux que l’yvrognerie et ses infames amours, vices si déplorables dans un si grand prince, ne luy ayent rien fait entreprendre contre la justice. à des temps si avantageux pour la république, succederent ceux d’Adrien meslez de bien et de mal. Ce prince maintint la discipline militaire, vescut luy-mesme militairement et avec beaucoup de frugalité, soulagea les provinces, fit fleurir les arts, et la Grece qui en estoit la mere. Les barbares furent tenus en crainte par ses armes et par son autorité. Il rebastit Jerusalem à qui il donna son nom, et c’est de là que luy vient le nom d’Aelia ; mais il en bannit les juifs toûjours rebelles à l’empire. Ces opiniastres trouverent en luy un impitoyable vengeur. Il deshonora par ses cruautez et par ses amours monstrueuses un regne si éclatant. Son infame Antinoüs dont il fit un dieu, couvre de honte toute sa vie. L’empereur sembla réparer ses fautes, et rétablir sa gloire effacée, en adoptant Antonin le pieux qui adopta Marc Aurele le sage et le philosophe. En ces deux princes paroissent deux