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idéal dans l’art. On peut suivre, dans les lettres qu’il lui écrivait jour par jour, quelquefois heure par heure, le progrès des ouvrages qui l’occupaient alors, Egmont, Iphigénie en Tauride, Torquato Tasso, Wilhelm Meister, qu’elle vit se compléter peu à peu, et dont elle fut en partie l’inspiratrice.

Car on pense bien que l’inactivité que ses amis lui reprochaien n’était qu’apparente; sa tête travaillait, lors même que sa plume était oisive. Même les fonctions administratives dont il s’était volontairement chargé n’étaient pour lui qu’un champ d’expériences. Après être entré au Conseil privé, il avait été nommé conseiller de légation; il devint plus tard premier ministre. Le duc lui donna une maison aux portes de la ville, son Gartenhaeuschen, entouré de bosquets et de prairies; il demeura là jusqu’au jour (1er juin 1782) où il occupa l’habitation plus vaste qui a gardé son nom et qui domine aujourd’hui le Goethe-Platz. Le théâtre de Weimar avait brûlé en 1774; on le remplaça momentanément par un théâtre d’amateurs, où jouaient les fonctionnaires de la cour et quelques artistes de passage. Goethe donna à ce théâtre, outre Le triomphe du sentiment dont il a été question, une comédie en un acte, Le Frère et la Sœur (2), composée pour Amélie Kotzebue, la sœur de l’écrivain. Il fit représenter aussi une première Iphigénie, en prose (1779), où il jouait le