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ses Mémoires, ressemble à une doublure de Weislingen, le faux ami de Goetz. Le titre de Stella rappelle le double mariage de Swift; Goethe remania cette pièce, comme il remania le Goetz, pour l’adapter au théâtre, et, ajoutait-il, « pour la mettre en harmonie avec nos mœurs, qui reposent essentiellement sur la monogamie ».

Les premières scènes de Faust avait été écrites en 1774, l’année de Werther; la conception remonte plus haut encore, au séjour de Goethe à Strasbourg. Le Faust a donc ses racines dans l’époque du Sturm und Drang; mais il était d’une végétation plus puissante que Werther et Goetz, et il se ramifie à travers toute la vie de Goethe. Il fut publié, comme fragment, en 1790, et, comme tragédie, en 1808. C’était une merveilleuse adaptation de la vieille légende à l’esprit du XVIIIe siècle dans son expression la plus large et la plus généreuse; et c’était encore, comme dans Werther, une opposition entre deux idées, entre deux types, entre deux manières de comprendre la vie; entre l’esprit de négation et d’ironie représenté par Méphistophélès, et l’aspiration incessante vers l’idéal personnifié dans Faust. Mais comme ces abstractions devenaient fermes et précises! Quelle éloquence dans l’analyse philosophique, et quelle vigueur toujours égale dans le style! On a pu dire sans exagération qu’il n’y avait peut-être pas, dans Faust, un seul vers faible.

Pendant que le jeune poète publiait ou préparait