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il ne comprenait pas bien ce qui se disait sur la scène, mais il observait le geste, le ton de la voix, et, rentré chez lui, il prenait un Racine dans la bibliothèque de son père et le déclamait à la façon des acteurs. Que dès cette époque (il avait onze ans) il se soit posé la question des trois unités, comme il le prétend, et qu’il se soit décidé à laisser là cette liturgie, cela est douteux. Mais il est certain que la première influence qui s’exerça sur cet esprit naturellement ami de la règle et de l’harmonie, ce fut une influence classique. Un peu plus tard, au temps de sa jeunesse effervescente, d’autres modèles prévalurent un instant chez lui; mais il revint promptement à ses vraies origines, à l’antiquité grecque et latine, que la France lui avait entrevoir, et que son voyage en Italie lui permit enfin de contempler de ses yeux, directement et sans intermédiaire. Un de ses premiers essais, un simple exercice dramatique qu’il fit comme étudiant à Leipzig, fut une traduction du Menteur de Corneille.

En attendant, toutes sortes d’impressions et d’images se déposaient dans l’âme du futur poète. La paix d’Hubertsbourg, en 1763, laissait l’Empire à Marie-Thérèse et à François de Lorraine; leur fils aîné, l’archiduc Joseph, fut élu roi des Romains, l’année suivante, à Francfort. Goethe assista aux fêtes du couronnement, qu’il décrit longuement dans ses Mémoires. Le soir, il parcourait les rues de