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la forêt ; près d'un roc puissant qui se dressait en pyramide, non loin de Surlej, je fis halte : c'est là que l'idée vint à moi. » Cette idée sera désormais le dernier mot de Zarathustra, le héros par la bouche duquel Nietzsche a fait ses révélations à ses contemporains : « Je reviendrai, avec ce soleil, avec cette terre, non pour une vie nouvelle, ou meilleure, ou semblable, mais pour cette même vie, identique dans les plus grandes comme dans les plus petites choses ; et j'enseignerai encore une fois le Retour éternel. »

Qu'était-ce, au fond, que le Retour éternel ? Ce n'était ni un fait d'observation, ni la conclusion d'un raisonnement. Ce n'était même pas une hypothèse, une explication anticipée d'une série de faits sous bénéfice d'inventaire. C'était une vision poétique, une révélation au sens propre, une apocalypse. Or une apocalypse se passe de preuves ; elle s'impose par elle-même, ou elle tombe à néant. Nietzsche essaya cependant de démontrer la sienne ; il pensa même, dit-on, à s'établir pendant quelques années dans un grand centre universitaire, pour s'instruire dans les sciences naturelles. Puis il abandonna son projet, comprenant sans doute l'impossibilité de démontrer ce qui est indémontrable.

Il fallait pourtant, à défaut d'une démonstration, donner un air de vérité à l'oracle, en l'accompagnant de quelques considérations d'ordre ou d'apparence scientifique. Le Dr Gustave Le Bon, qui avait eu