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commencé au mois d’août 1796, le poème fut terminé en juin 1797.

Il n’en est pas de même des Années d’apprentissage de Wilhelm Meister (3), dont la rédaction, souvent interrompue, n’embrasse pas moins d’une vingtaine d’années, de 1777 à 1796. Ce roman a été diversement jugé : George Sand, dans Teverino, l’appelle un adorable conte; Edmond Scherer y voit le comble de l’ennui. La vérité est sans doute entre ces opinions extrêmes; ce qui est certain, c’est que l’ouvrage est très inégal. Les premiers livres sont d’une composition plus serrée que les derniers. Goethe veut nous faire assister à l’éducation d’un artiste, nous montrer le rôle qu’il doit jouer dans le monde. Quel beau sujet pour un écrivain qui avait réfléchi sur tous les arts et qui en avait pratiqué quelques-uns! Mais aussi, quoi de plus élastique qu’un tel cadre! Et quelle tentation perpétuelle d’ouvrir des portes de côté, des échappées et des perspectives en tous sens! Dans un entretien entre deux personnages, au cinquième livre, la différence du drame et du roman est marquée de la manière suivante : « Le drame doit se hâter, et le caractère principal tendre au dénouement, tout en étant retenu par des obstacles. Le roman, au contraire, doit aller lentement, et les sentiments du personnage principal doivent suspendre, par un moyen quelconque,