Page:Bossert - Essais sur la littérature allemande, Série I, 1905.djvu/101

Cette page n’a pas encore été corrigée

amitié, n’aient éprouvé d’abord l’un pour l’autre que de l’antipathie. Lorsqu’ils se rencontrèrent pour la première fois, en 1788, dans le salon de Mme de Lengefeld, Schiller n’était encore que l’auteur de Don Carlos; il sortait à peine de cette période orageuse dont Goethe était complètement dégagé et dont il ne voyait plus maintenant que les excès. Un rapprochement eut lieu à la fin de l’année 1794, lorsque Schiller fonda la revue intitulée Les Heures, à laquelle il voulait associer tous les écrivains marquants de l’Allemagne. Plusieurs lui refusèrent leur concours, Goethe lui promit aussitôt le sien. Les Xénies, un recueil d’épigrammes, dont Goethe eut la première idée, mais qu’ils rédigèrent en commun, et qui parurent dans l’Almanach des Muses pour l’année 1797 sous la signature G. et S., scellèrent leur union. Il y passaient en revue toutes les formules surannées et toutes les étroitesses de goût qui gênaient l’essor de la littérature; c’était comme le manifeste de l’école nouvelle qui se fondait sous leurs auspices. L’année 1797 s’appelle, pour Goethe comme pour Schiller, l’année des ballades; ils trouvaient ensemble les sujets, et se les partageaient. Goethe écrivit Le Chercheur de trésors, L’Apprenti Sorcier, La Fiancée de Corinthe, Le Dieu et la Bayadère; il abandonna à Schiller Les Grues d’Ibycus et Héro et Léandre. Les deux amis se communiquaient tous leurs projets, exerçaient un contrôle incessant l’un sur l’autre. Goethe assistait à tous les remaniements