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civ
PROCÉDURE CRIMINELLE

2.
Même jour.
Déposition du marquis de Ceva, italien.

Lenanus de Seve, marquisius[1], Aubiensis[2] diocesis, etatis quadraginta annorum et ultra, ut credit, testis ut supra productus, examinatus vero die et anno predictis, inquisitus super contentis in articulo pretacto, mencionem faciente de effractione immunitatis ecclesie, dixit et deposuit quod dictus Egidius de Rays, reus, cum isto Egidio de Sillé, Bertrando Poulein accesserunt ecclesiam parrochialem curatam sancti Stephani de Malamorte, stante celebracione magne misse, post elevacionem et sumpcionem corporis Christi ; de die autem non recolit, sed credit hoc fuisse die festi sancte Penthecostes Domini ultime preteriti, vel in crastinum ejusdem festi : habebatque dictus reus unum gladium, vulgariter dictum jusarme ; et dixit prefato Johanni Perron : Ha, ribault, tu as batu mes hommes, et leur as fait extorsion : viens dehors de l’iglise, ou je te tueroy tout mort ! Tunc dictus Ferron, genibus flexis, rogabat eum, annuens quod faceret quid

  1. J’ai fourni plus haut, page 229, une note sur les marquis de Ceva, aventuriers et condottieri italiens dans toute la force du terme. Au xve siècle, ils étaient nombreux et en possession de biens peu importants et indivis. Ils eurent avec le duc d’Orléans, comme comte d’Asti, les relations de voisinage et d’intérêt les plus difficiles. En 1447, Charles d’Orléans transigea avec eux ; mais les difficultés reparurent ensuite plus vives que jamais. Lucrezia de Ceva, femme de Regnauld du Dresnay, gouverneur d’Asti, et héritière de Pierre de Ceva, reconnut le droit de la France sur certains domaines ; mais son cousin germain Carlo, fils d’Antonio, contesta cet abandon (1475) et, sur le refus persistant de la France de faire droit à son injuste réclamation, il assassina, en 1501, le gouverneur d’Asti, Hector de Monteynard (J. d’Auton). Cette réclamation des Ceva fut une des causes qui amenèrent la guerre entre François Ier et Charles-Quint.

    Nani ou Lenano de Ceva, le complice de Gilles de Rais, était fils d’un cadet de cette famille. Il revint en Piémont après la mort de Gilles, et nous le voyons figurer dans un acte de 1456 avec ses deux frères aînés, le chevalier Thomas et Achille, marchiones Ceve. Il mourut dans un âge fort avancé, car le règlement du domaine de la veuve de Nani, Lucha, n’eut lieu qu’en 1491. Dame Lucha, d’Asti, avait reçu en dot 1,000 écus d’or, que le gouverneur d’Asti, le comte de Dunois, s’était engagé à lui payer par petites annuités de 120 ducats sur le trésor d’Asti ; Nani lui avait assigné en douaire quelques biens, des plus modestes, un moulin, un pré…, dans son domaine de Bagnascho. Mais ce petit domaine lui-même revenant au duc d’Orléans par suite de la mort de Nani, Lucha réclamait. Le 7 septembre 1491, Hector de Monteynard, gouverneur d’Asti, transigea avec elle moyennant le paiement comptant de ce qui restait dû encore sur sa dot (Bibl. Nat., Titres originaux, Ceva, nos 4, 6, 11, Monteynard, no 301). Les Ceva portaient fascé d’or et de sable.

  2. Diocèse d’Alba, en Piémont : mais Ceva dépendait du diocèse de Mondovi.