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GILLES DE RAIS.

Midi : c’en était fait de la France, lorsque Jeanne d’Arc parut.

La mission et l’œuvre de Jeanne d’Arc ne sont plus à raconter ; il faudrait reprendre le récit de M. Vallet de Viriville et de M. Wallon, si exacts dans leurs recherches, si intéressants dans la narration des faits. Il serait trop long même, pour les limites où nous avons renfermé cet ouvrage, de suivre pas à pas Gilles de Rais dans cette mémorable campagne, où il joua un si beau rôle à côté de la jeune guerrière. C’est, à la vérité, la partie la plus belle de la vie du maréchal, où se rencontrent ensuite tant et de si grands crimes ; mais ce sera la faire connaître assez en disant qu’il fut l’un des plus dévoués admirateurs de Jeanne d’Arc. Il avait reçu du roi la mission de la conduire et de veiller sur elle sur les champs de bataille : à Chinon, à Poitiers, à Blois, à Orléans, à Jargeau, à Meung, à Beaugency, à Patay, à Reims, où il reçut le bâton de maréchal de France[1], dans la campagne de Paris, sous les murs mêmes de cette capitale, il ne l’abandonna jamais ; bien plus, il a paru lui avoir été fidèle jusqu’aux environs des murs de Rouen, où Jeanne avait été renfermée prisonnière. En exposant ici les raisons qui nous le font croire, nous aurons l’occasion de laver la mémoire de Gilles du grave reproche dont l’a souillée Vallet de Viriville, et de retracer rapidement le tableau des belles actions du maréchal de Rais.

Il a été impossible de découvrir ce qu’était devenu Gilles après la retraite de Paris ; tout document fait défaut et vraisemblablement manquera toujours sur ce point. Demeura-t-il à la cour de France ; ou, comme le duc d’Alençon, mécontent de la trêve qu’on venait de signer, vint-il dans ses terres

  1. La dignité de maréchal de France, quoique très importante, n’était pas cependant sous Charles VII ce qu’elle devint plus tard ; elle fut fort rehaussée par une ordonnance de François Ier, qui de simple commission révocable et temporaire, l’érigea en dignité viagère et l’éleva au rang des grands offices de la couronne. Ce fut lui qui, le premier, appela les maréchaux « ses cousins ». On en créa quatre de trois qu’ils étaient.