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II


GUERRE DE CENT ANS. — RAPPORTS DE GILLES AVEC JEANNE D’ARC ; AVEC GEORGES DE LA TRÉMOILLE. — SA RETRAITE PRÉMATURÉE ; CAUSES DE CETTE RETRAITE.

Après la chute de la maison rivale de la sienne, il semble que Montfort ait éprouvé le besoin de se reposer ; mais le grand danger que courait la France, ne lui permettait pas d’assister, spectateur tranquille et désintéressé, au dénouement du drame qui se jouait sous ses yeux. Depuis plus de quatre-vingts ans, la France était en lutte contre l’Angleterre, non pas seulement pour la possession d’une province isolée, ou pour la querelle particulière de deux princes ennemis l’un de l’autre, mais pour le salut de sa dynastie elle-même et de l’intégrité de son territoire tout entier. Après mille péripéties diverses, la fortune avait souri à l’étranger victorieux, et le trône, avec la patrie vaincue et humiliée, allait passer, par le traité de Troyes (1420), au pouvoir de nos vieux ennemis. Le 21 octobre 1422, aux funérailles du pauvre roi de France, à Saint-Denis, ils disaient tous, et les lâches et les ennemis, que c’étaient les funérailles de la monarchie nationale ; et on pouvait le croire, à considérer l’abandon où demeurait le dauphin, salué roi par quelques fidèles à Mehun-sur-Yèvre. La Bourgogne était aux bras des Anglais ; et la Bretagne elle-même se rapprochait d’eux par le traité d’Amiens ; deux grands mariages enfin, celui du duc de Bedfort, et celui du comte de Richemont, avec les deux sœurs, filles du duc de Bourgogne, resserraient