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SON FRÈRE.

d’armes de son père, le second de ces deux héroïques seigneurs de Laval, que nous avons vus si dévoués à la France et si fidèles à Jeanne d’Arc. Il avait quarante ans ; Marie de Rais, sa cousine, n’en avait guères que vingt-quatre encore.

Ce mariage rendit moins arrogants les sires de Coétivy et le duc de Bretagne lui-même. André de Laval rentra en possession des domaines de sa femme, et tout semblait promettre que le bonheur viendrait enfin, après tant d’infortunes, vers la fille de Gilles de Rais. Cependant, quoique André de Laval fut plus jeune que Prégent de Coétivy de neuf ou dix ans et que Marie de Rais eût grandi, aucun enfant n’était encore né de leur union, quand le 1er  novembre de l’année 1457, Marie, à l’âge d’environ trente-deux ans, mourut au château de Vitré, qui appartenait à son époux. Elle fut inhumée dans l’église de Notre-Dame de cette ville, au fond de la chapelle située derrière le chœur. On lisait sur son tombeau cette inscription : « Ci-gist Madame Marie, dame et héritière de Raiz, jadis espouse de hault et puissant Monseigneur André de Laval, en son temps seigneur de Lohéac, de Lomoux et de Kergorlay, mareschal de France ; laquelle dame trespassa le premier jour de novembre, l’an mil iiij lvii[1]. »

Un compte fort curieux[2], tenu par Jean Harsenet, maître d’hôtel de Prégent de Coétivy, et daté du 6 mars 1450 au 12 janvier de l’année 1451, nous a fourni de précieuses indications sur les habitudes, les goûts, la manière de vivre et par conséquent sur le caractère de Marie de Rais. Jamais différences plus sensibles n’ont séparé un père et un enfant : contrairement au vers du poète, de l’autour était née une colombe. On voit par ce compte, en effet, que Marie était douée d’une grande tendresse pour son époux souvent malade, pour ses serviteurs et surtout pour les petits enfants.

  1. L’auteur anonyme d’une méchante histoire des seigneurs de Laval (Foucault), prend ici le change et rapporte cette inscription à Marie de Rais, « malheureuse femme de Gilles de Laval, » c’est-à-dire de Rais.
  2. Tiré des Archives de Thouars, par M. P. Marchegay.