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GILLES DE RAIS.

profita largement du droit que donne le succès et surtout le succès des armes. Il fut l’un de ceux qui gagnèrent le plus aux confiscations prononcées contre les seigneurs félons qui avaient embrassé le parti de l’Anglais : heureux seulement s’il n’avait pas mérité de l’histoire le reproche plus grave d’avoir été particulièrement acharné à la perte et à la spoliation de l’illustre Jacques Cœur !

Marie de Rais, à peine sortie de la plus tendre jeunesse, se trouvait de nouveau sans appui, abandonnée à la merci de la fortune. Lorsque la nouvelle de la mort de son mari lui arriva, elle était au château de Taillebourg. Elle y fut traitée inhumainement pendant plusieurs mois, retenue qu’elle était, comme prisonnière, par les cupides frères de Prégent de Coétivy, Christophe, Alain, cardinal d’Avignon, et surtout Olivier, qui prétendaient tirer de grands avantages personnels de sa triste situation. Ce dernier parvint même à lui extorquer, par ruse et par violence, une procuration qui les autorisait à s’ingérer dans l’administration de ses affaires. Comptant sur les bonnes grâces de Pierre, duc de Bretagne, il ne craignit pas d’abuser du nom de sa belle-sœur en livrant au duc les seigneuries et les places d’Ingrandes et de Champtocé. De son côté, le duc Pierre, se croyant tout permis contre une femme jeune et faible, était venu, au mépris de toutes les conventions passées, mettre le siège devant ces deux places. Ainsi s’apprêtaient, les sires de Coétivy d’une part et de l’autre le duc de Bretagne, à diviser de nouveau les dernières dépouilles du malheureux Gilles de Rais. Sa famille, justement alarmée de ces manœuvres, eut recours, encore une fois, à l’intervention de Charles VII pour obtenir la délivrance de la jeune veuve. Marie, à peine rendue à la liberté, se hâta d’annuler tout ce qui lui avait été arraché, par ruse et violence, durant sa captivité. Pour se protéger enfin de nouveau contre la rapacité de ses ennemis, elle se hâta de chercher, dans une nouvelle alliance, un puissant appui : elle le trouva dans l’un de ses cousins, André de Laval, amiral et maréchal de France, l’un des compagnons