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SES PREMIÈRES ARMES.

pas le lieu de redire les fortunes diverses des deux partis dans cette lutte qui dura près d’un siècle : l’intervention de la France et de l’Angleterre, divisées par la guerre de Cent ans, et dont cette querelle ne fut, pour ainsi dire, qu’un épisode, le courage de Montfort et de Charles de Blois, la prise de chacun d’eux ; la guerre devenue encore plus acharnée sous la conduite de leurs femmes, l’héroïsme de ces deux grandes âmes ; comment, après vingt-quatre ans de combats, comme celui des Trente, au Chêne de My-voie, la victoire se déclara pour le comte de Montfort sur le champ de bataille d’Auray ; par quels événements enfin Olivier de Clisson, d’abord l’allié des Montforts, se tourna, après l’exécution de son père, contre le duc de Bretagne, épousa les querelles de la famille de Penthièvre, donna au descendant de cette maison sa fille Marguerite en mariage, et, s’il n’hérita pas lui-même des haines inassouvies de ses nouveaux alliés, fit du moins, par ce mariage, qu’elles passèrent toutes, vivantes et implacables, dans le cœur de sa fille[1] : ce récit nous entraînerait trop loin. Il nous suffira de dire que, dans cette longue guerre, les aïeux de Gilles de Rais, de quelque côté qu’on les regarde, avaient tous pris parti contre la famille de Montfort : les seigneurs de Machecoul, les sires de Rais et de Laval, qui appartenaient à la race méridionale de la Bretagne, s’étaient trouvés côte à côte avec Charles de Blois, du Guesclin et Olivier de Clisson, contre les Montforts soutenus par la race du nord et de l’ouest de la province. Les traditions de sa famille étaient donc bien marquées et, par sympathie autant que par respect pour le passé, Gilles appartenait au vieux parti des Penthièvres[2]. Cependant, chose surprenante ! dans la dernière lutte, qui, en 1420, met un

  1. Monstrelet, II, ch. CCXLVI.
  2. D. Morice. Preuves, t. II, p. 313. Arch. de Nantes, Ar. 2, cas. E, no 52. Froissart, V. I, p. 105. Lebaud, p. 304. Histoire de Du Guesclin. Chap. de Nantes, Ar. 0, cas. C., no 22. Chron. manus. Eccl. Nannet, Actes de Bretagne, 10, 1 col., 1564-1581. Froissart, v. 1, p. 285. Guillaume de Saint-André.