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XIV


APRÈS LA MORT DE GILLES DE RAIS. — SA FAMILLE. — SES BIENS.

Que devinrent, après la journée du 26 octobre 1440, les complices et la foule des serviteurs de Gilles de Rais ? Il nous a été impossible de retrouver les traces de la plupart d’entre eux. Au pressentiment de l’orage qui s’amoncelait sur la tête du maréchal, Gilles de Sillé s’était enfui[1] ; André Buschet s’était déjà retiré en Bretagne et était passé au service de Jean V ; Robin Romulart et Rossignol étaient morts ; Henriet et Poitou avaient subi le dernier supplice ; Prélati et Blanchet, qui comparurent devant la cour ecclésiastique, ne furent pas cités devant la cour séculière. Furent-ils punis dans la suite ? Gilles de Sillé et ceux qui s’étaient enfuis avec lui, payèrent-ils la juste peine due à leurs crimes ? Aucun document ne nous est parvenu sur ce point et les historiens, d’autre part, n’ont point conservé le souvenir même vague de leur procès. On aime à croire cependant que le châtiment les atteignit et qu’ils n’échappèrent pas, comme Roger de Bricqueville, à la vengeance. Mais celui-ci, par faveur, par habileté, sut éviter la justice humaine, sinon la justice de Dieu, qui n’a point les errements ni les faiblesses de la justice des hommes.

Nous avons dit déjà, que, prudent à l’égal de Gilles de

  1. Jean Charlier, éd. in-fol, 1661, p. 107.