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GILLES DE RAIS.

Barbe-Bleue[1], place le château de Rais, où, dit-il, « l’on découvrit des ossements de petits enfants. » Malgré les affirmations précises de Vallet de Viriville, nous ne pouvons rien dire que ce que nous avons trouvé dans les textes originaux. Les détails que cet historien nous fournit sur les découvertes que l’on fit en divers lieux pendant la durée du procès, ressemblent fort à des textes mal traduits. Voici cependant ce qu’il raconte : « L’information trouva, aux domiciles du prévenu, des appareils alchimiques[2] et tout le matériel de la sorcellerie : un pied de fer, une main de cire, une estrapade, qui servait à asphyxier les jeunes victimes, une immense lame ou bracquemart pour les décapiter. À Machecoul, l’un de ses châteaux, on découvrit les cadavres réunis de quatre-vingts enfants horriblement mutilés[3]. » Tous ces détails nous paraissent pris d’une lecture des Procès faite à la légère, si même elle a été faite. Mais les juges n’avaient pas besoin de ces preuves matérielles. Aussi, quand le promoteur, le mardi, 25 octobre, demanda la clôture des débats, l’évêque et le vice-inquisiteur y mirent fin sans hésiter, sans que Gilles de Rais même élevât la moindre protestation. Guillaume Chapeillon demanda ensuite que les juges rendissent leurs sentences définitives contre l’accusé, et l’évêque et le vice-inquisiteur se rangèrent à son avis, sans que Gilles y fît plus d’opposition que pour la clôture des débats.

Sous les yeux du maréchal, les deux juges ecclésiastiques reprirent donc, toutes les pièces du procès et les examinèrent attentivement l’une après l’autre : lettres épiscopales, procès-verbaux de l’enquête secrète, dépositions des témoins, confessions de Gilles et de ses complices, tous les divers documents de la cause furent revus avec soin, pesés et mûrement examinés de nouveau par les juges. Cependant, non contents de

  1. Dans le Grand Dictionnaire universel, de Larousse.
  2. Nous ne croyons pas, nous le répétons, qu’il ait été poursuivi comme alchimiste.
  3. Ce dernier trait est également faux, puisque Gilles de Sillé les avait brûlés.