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L’ACCUSATION.

s’étaient faits les pourvoyeurs de Gilles ; leurs menées, leurs habiletés auprès des enfants et des parents (art. XXVIII) ; les meurtres commis à Bourgneuf, dans le couvent des Frères-Mineurs, où Gilles demeurait d’ordinaire en passant par cette ville (art. XXIX), les orgies de tables destinées à donner du piquant et du vif à la débauche ; (art. XXX) l’oblation faite au démon de la main, des yeux, du cœur et du sang d’enfants mis à mort (art. XXXI) ; la profanation sacrilège de l’office de tous les Saints, chanté en l’honneur des esprits maudits, et les aumônes faites en leur nom (art. XXXII) ; les espérances de Gilles uniquement placées dans ces évocations ; ses meurtres, ses débauches (art. XXXIII) ; ses conversations avec les évocateurs ; le commerce qu’il avait avec eux, l’étude de leurs livres prohibés, pendant quatorze ans la protection qu’il accorda à leurs personnes et à leurs œuvres (art. XXXIV et XXXV) ; le travail secret qui eut lieu dans Champtocé et à Machecoul, quand il reprit ces deux places sur sa famille pour les livrer au duc de Bretagne (art. XXXVI) ; le concours de ses complices et de ses serviteurs (art. XXXVII) ; les remords du coupable, ses résolutions frivoles de changer de vie et de faire pénitence de ses fautes (art. XXXVIII) ; ses rechutes, qui font de lui un relaps, dans ces crimes « qui amènent sur le monde les tremblements de terre, la famine et la peste » (art. XXXIX) ; toutes choses universellement connues du peuple dans toute la contrée (art. XL), forment la suite trop longue, hélas ! et bien effrayante des attentats du baron de Rais : « Voilà, conclut l’accusateur, voilà des crimes qui font de Gilles de Rais un infâme, un hérétique, un idolâtre, un apostat et un relaps » (art. XLI).

Il reste cependant un dernier crime à signaler et qui forme comme le troisième chef d’accusation établi contre le maréchal : c’est l’invasion à main armée du baron de Rais et de ses complices dans l’église paroissiale de Saint-Étienne-de-Mer-Morte ; la violence faite à un clerc de la sainte Église, Jean Le Ferron, au mépris de toutes les immunités ecclésiastiques déterminées et reconnues par le droit et les statuts