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IX


PROCÈS DE GILLES. — LES JUGES. — LES DOCUMENTS.

Gilles de Rais, remis entre les mains de la justice, fut enfermé dans une des chambres supérieures du château de la Tour-Neuve de Nantes, où il demeura pendant toute la durée du procès. La plupart des historiens et des biographes, les traditions populaires sur le château de Nantes, désignent la tour Mercœur comme ayant été la prison du maréchal de Rais, durant les débats judiciaires. Chaplain lui-même[1] est tombé dans l’erreur commune. Il est vrai qu’il a étudié les documents avec une étrange légèreté, dont il y a partout dans son travail de nombreuses et curieuses traces : un peu d’attention cependant lui eut suffi pour éviter cette erreur. Les détails, en effet, que le procès nous fournit sur les lieux, où se passèrent les débats ecclésiastiques, démontrent clairement que le maréchal de Rais ne fut pas mis aux prisons communes, avec les prisonniers de bas étage[2]. Tous ses complices avaient été traités sans ménagement ; Blanchet, Poitou, Henriet et Prélati lui-même avaient été jetés sans distinction dans les cachots ordinaires aux criminels. Mais la haute position de Gilles, seigneur de Rais maréchal de France ; peut-être aussi l’ancienne amitié de ceux qui étaient devenus ses juges, lui valurent d’être traité

  1. Ancien directeur de la bibliothèque publique de Nantes, qui écrivait, à ce qu’il prétend du moins, sur les originaux mêmes des procès conservés aux archives de la Loire-Inférieure. (Notice sur Gilles de Rais, publiée par le Breton, du 30 juillet au 14 août 1832.)
  2. Proc. ecclés., p. XLIV, XLV.