Page:Bossard - Gilles de Rais dit Barbe-Bleue, 1886.djvu/19

Cette page a été validée par deux contributeurs.
XVI
INTRODUCTION

l’automne. Né dans un siècle à demi-barbare si l’on envisage les lettres et la civilisation modernes et contemporaines, mais profondément chrétien si l’on tient compte de la foi, Gilles reçut dans son enfance des semences surnaturelles qui devaient survivre à tous les orages du cœur et faire éclore aux derniers jours, sous les chauds rayons de la foi, un sincère et profond repentir. En lui, quand tout parut éteint, la foi resta encore allumée, quoique voilée depuis longtemps, et c’est à sa chaude lumière et aux larmes qu’elle fit couler que tout se ranima et prit une vie nouvelle.

Aussi bien, en montrant la foi seule debout et victorieuse du mal au milieu de tant de débris amoncelés par un souffle mauvais et tout en rendant un magnifique témoignage à la religion chrétienne, nous donnerons à la mémoire de Gilles de Rais pleine mesure de justice. En effet, les rares écrivains, qui ont eu l’occasion de parler de lui, l’ont fait trop rapidement pour rendre hommage à son repentir : ses crimes ont détourné la vue de ses larmes et le souvenir du monstre a étouffé peu à peu le souvenir du chrétien repentant. Sans doute, les prières et les pleurs de Gilles de Rais ne peuvent effacer le souvenir de ses crimes ; mais sa grande « repentance » a pu lui en obtenir le pardon : qui oserait, en effet, se croire et se dire plus juste que Dieu ? Quelles que soient les exigences de la justice des hommes, il est doux pour un chrétien de penser que Dieu ratifia, au-dessus du bûcher de Nantes un pardon que Gilles demandait à genoux et que la foule lui accorda en pleurant.

Avant de terminer cette préface, l’auteur croit pouvoir exprimer l’espérance qu’on trouvera le sujet intéressant par lui-même. On aurait évité de joindre ce livre à la multitude de ceux dont nous sommes inondés, si du consentement de