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GILLES DE RAIS.

La scène s’ouvre en Angleterre par les préparatifs de l’expédition d’Orléans, et se termine par la délivrance de la ville et les remercîments de Jeanne d’Arc aux habitants de tout ce qu’ils ont fait pour elle et pour l’armée. Ce mystère est l’œuvre évidente d’un Orléanais : le souffle patriotique qui l’anime d’un bout à l’autre ne permet pas d’en douter. Le poète met plus d’une fois en scène Gilles Rais ; car il ne lui était pas permis, dans une œuvre qui représente un des glorieux épisodes de notre histoire, d’oublier celui qui avait eu, dans la délivrance de la ville, une part si active et si importante. La gloire qui revient de ce drame à Gilles de Rais, porte à penser qu’il le fit représenter à ses frais, dans le cours de cette année qu’il passa dans Orléans, et qui fut marquée par de si grandes dépenses ; quelques-uns même ajoutent, sans donner pourtant d’autres appuis à leur assertion que l’autorité de leur parole, qu’il en présida la représentation devant Charles VII ; chose naturelle, s’il est vrai qu’il le fit jouer à ses frais. Toutes ces raisons nous amènent à rechercher l’époque où il fut écrit et à discuter sa valeur historique.

Quelques auteurs, M. J. Quicherat entre autres, pensent qu’il faut en reculer la date après l’année 1466. Mais la mort même de Gilles de Rais nous oblige à rejeter ce sentiment et à faire remonter la composition de ce mystère aux années qui précédèrent le 26 octobre 1440. Le Mystère du siège d’Orléans, en effet, contient plus que des allusions au maréchal de Rais, à son rôle et à son caractère. Gilles remplit dans cet épisode dramatique le même rôle que signale l’histoire[1].

    Bibliothèque Vaticane, sous le no 1022 du fonds dit de la Reine de Suède; il provient de la Bibliothèque de Fleury ou de Saint-Benoît-sur-Loire. Il a été écrit dans la seconde moitié du XVe siècle et forme un volume grand in-4o de 509 feuillets, qui renferment 20,529 vers. Les personnages sont au nombre de cent quarante, non compris les groupes, en nombre indéterminé, de bourgeois, de soldats et de trompettes. Il a été publié pour la première fois sur le manuscrit du Vatican, en 1862, par MM. Guessard et de Certain, dans la grande collection des Documents inédits de l’Histoire de France.

  1. Sur ce réalisme historique, v. Petit de Julleville, t. II, p. 579.