rant qu’Adrienne irait la visiter prochainement.
La malheureuse ne résista plus ; elle promit de se conformer à l’avis de son protecteur : un homme si généreux ne pouvait ni se tromper, ni la tromper ; et, toute calmée, elle se laissa emmener doucement par le domestique, très-empressé de la passer à la porte.
À peine avait-elle tourné les talons, qu’Adrienne dit à son mari avec aigreur :
— Pourquoi avez-vous fait cette aumône, malgré ma recommandation contraire ?
— Et pourquoi, toi, ne la faisais-tu pas ?
— Parce qu’il faut de l’ordre, même dans la charité, et que je me suis imposé de ne jamais prendre au nombre de mes pauvres particuliers ceux à qui je suis obligée de refuser des secours au nom des sociétés que j’administre.
— Voilà une idée singulière ! La mienne eût été, je crois, tout opposée ; mais enfin, quel est ton motif pour agir ainsi ?
— Parce que l’espoir de cette générosité attirerait ici une foule de gens qui viendraient, sous un prétexte ou l’autre, réclamer une générosité à laquelle ils n’auraient pas droit. Vous verriez se renouveler tous les jours des