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CHAPITRE IV.

doit arriver d’étranges catastrophes. Le présage est d’autant plus funeste, que la bande démoniaque descend plus près de terre. À deux reprises différentes, on l’a vue rasant le sol, peu de temps avant la première révolution[1].

Le grand Veneur de Fontainebleau n’est-il pas aussi un spectre de funeste augure qui apparut à Henri IV, pour l’avertir qu’une mort violente le menaçait[2]. Sully, dans ses Mémoires, affirme avoir entendu les hurlements effrayants de la meute invisible qui s’approchait en plein jour jusqu’auprès du château royal.

Cependant, la chasse volante pourrait être considérée, dans quelques cas, comme un présage favorable, suivant la dénomination qui lui est appliquée. Chez les Juifs, des guerriers célestes annoncèrent aux Machabées les victoires qu’ils devaient remporter. N’est-ce point par analogie avec ces favorables visions que la chasse aérienne porte, aux environs de Blois, le nom de chasse Machabée ou Macabre[3] ?

À cause des personnages célèbres qui leur servent de chefs, les troupes de fantômes guerriers appartiennent à plusieurs provinces à la fois, et même à plusieurs royaumes ; les fantômes chasseurs se localisent davantage : chaque pays en reconnaît un qui lui est particulier, quoique la légende qui se rattache à ces différents personnages soit en tous lieux à peu près semblable. Nous avons nommé déjà le Veneur de Fontainebleau ; la Bretagne a l’Homme rouge, ou le Fantôme volant[4], la ville de Tours, son roi Huguet ou Hugon[5], la Franche-

  1. Wlgrin de Taillefer, Antiquités de Vésone, t. i, p. 244.
  2. Abr. Golnitzius, Ulysses Gallo-Belgicus, p. 164. — J. De Serres, Inventaire de l’hist. de France, t. ii, p. 63.
  3. Le Ber, Lettre sur la Danse macabre.
  4. Cambry, Voyage dans le Finistère. — Histoire des Vampires et des Spectres malfaisants. Paris, 1820, in-12.
  5. On croit que de ce nom : Huguet ou Hugon, dérive celui de Huguenots, parce que, dans les premiers temps de la réforme, les nouveaux religionnaires tenaient leurs conventicules dans une tour qui sert de retraite au roi Hugon. (Le Ber, Lettre sur la Danse macabre. — De la Touche, Olivier Brusson, t. i, p. 185.)