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CHAPITRE III.

Brundemor s’en retourna comme Richard le lui commandait ; le duc revint à Rouen, où il mena sainte vie.

Bien confortait les poures et sainte eglise aima
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Jesucrist notre pere le garda de tristour[1].

En dépit des tentations du diable, il ne connut point la peur, et ne cessa pas d’être un preux et hardi chevalier. Il passa avec Charlemagne outre les monts, prit part à la bataille de Roncevaux, en compagnie des douze pairs de France, et fit de grandes prouesses dont la renommée ne s’éteindra jamais.

Les Chroniques de Normandie ont renchéri sur cette terminaison par certains détails qui visent prétentieusement à la vraisemblance historique. Nous y apprenons que la bataille de Roncevaux, de funèbre et romantique mémoire, ne fut point le dernier fait d’armes de Richard Sans-Peur. Après la mort de Charlemagne, Louis-le-Débonnaire étant roi de France, un certain Gormont, roi de Danemarck, vint avec une grande puissance de Normands pour conquérir le royaume. Le roi Louis manda ses barons auprès de lui : Richard Sans-Peur ne fut pas le dernier à se rendre à cet appel. On livra bataille aux Danois, qui furent taillés en pièces ; le roi Gormont perdit la vie dans le combat. De son côté, Richard Sans-Peur se comporta si vaillamment, accomplit de si beaux faits d’armes, s’épargna si peu, qu’il reçut un grand nombre de blessures dont il mourut peu de temps après. Il fut enterré dans l’abbaye de Fécamp, auprès de son père le duc Aubert.

Ainsi se termine la merveilleuse histoire de Richard Sans-Peur. Nous l’avons racontée dans toute son étendue, quoiqu’il nous eût été facile de supprimer certains détails, au moyen d’une analyse succincte et rapide. Mais il nous a paru que les détails constituaient ici la principale richesse de la

  1. Roman de Richart.